Foutu… Coq. Je donne un coup de pied dans la poutre pour faire cesser ce boucan insupportable qui me réveille tous les matins… Par tous les dieux, pourquoi avoir inventé pareil animal ? Pourquoi pas un chant mélodieux plutôt qu’un chant strident et agaçant qui vous donne envie de le transformer en une poule au pot. Satanée volaille de basse-cour, allez donc au diable avec votre maïs… Vous l’aurez d’ici une heure. Malheureusement, une fois les paupières à peine soulevées, c’est la croix et la bannière pour réussir à s’endormir à nouveau. Flûte et reflûte ! Je déteste cet animal. Je me lève, enfile mon pantalon que je fais tenir avec deux bretelles que Rhéa m’a offert pour mon dernier anniversaire… J’attrape mollement mes deux bottes avant de finalement me lever, de m’étirer pour me diriger avec lenteur en direction d’une bassine où je verse un peu d’eau que je m’éclabousse au visage avant de bailler et de frissonner. Torse nu ? Ce n’est pas grave ! De toute façon dans cette campagne isolée, il y a personne qui vient me déranger quand j’aide la petite vieille qui m’héberge depuis huit ans maintenant. Le travail à la ferme, rien de plus rébarbatif et d’épuisant selon moi. Je descends les marches qui mènent à la cuisine, saisi une pomme que je glisse dans la large poche de mon pantalon avant de sortir… M’étirant à nouveau je regarde le soleil pour enfin me diriger en direction du poulailler où je lance maladroitement plusieurs pincées de maïs que les poules ont ben vite fait de picorer. Je m’engouffre dans l’habitacle qui leur sert de demeure luxueuse où je récolte quelques œufs que j’amène à Mère grand afin qu’elle puisse préparer « le déjeuner du guerrier » comme elle l’appelle tous les matins. Toujours les mêmes questions. Bien dormi ? Oui. Tu as faim ? Bien entendu. Rhéa dort ? Comme d’habitude.

J’avale mon encas avant de ressortir de la maison pour me diriger vers l’étable. J’aime l’odeur du foin et des animaux. Un cheval attend la carotte que je lui tends et les vaches quant à elles, elles patientent pour manger le foin que je leur sers enfin afin d’ouvrir la porte qui les mènera à leur enclos. Endroit où elles passeront le plus clair de leur journée. Exténué. Je me laisse tomber dans la paille fraîche, où je finis par presque disparaître, ressortant la pomme de ma poche avant de la croquer avec gourmandise. Un soupir de satisfaction pour ces tâches matinales pratiquement toutes effectuées… Je réfléchis à ce que va être mon après-midi et si je vais enfin me décider à aller jusqu’au village de Briselégère pour acheter le nécessaire de couture que Mère Grand me demande depuis plusieurs jours… J’enfonce un peu plus ma tête dans la paille quand j’entends un bruit de pas qui vient vers l’intérieur de la grange. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour deviner qui vient vers moi… Une certaine marmotte, pas réveillée par le chant du coq et pas pressée de sortir du lit.